Journal de voyage 4
SAMEDI 10 JANVIER, 21H00
Cela nous prend environ 1h30 de Port-au-Prince jusqu’à Moulin-Sur-Mer où nous déjeunons assez pour pouvoir tenir jusqu’au soir (miam le jus d’orange et les mangues!).
Ensuite, nous devons encore rouler environ 3 heures 30 jusqu’à
l’orphelinat. Non seulement la route est
affreuse mais elle est en grande partie en sable qui revole partout, couvrant de
gris la nature et les malheureux qui la parcourent à pied, en tap-tap ou sur le toit d'un autobus.
Et, non seulement faut-il éviter les trous et les bosses mais aussi les ânes, chèvres, chiens, enfants, motocyclistes, processions funèbres, marchands, vélos, etc…
Remarquez la nudité du paysage et des montagnes et comme nous étions "bardassés"
(et cà a été comme cà pendant 3h30!)...
Nous nous retrouvons au moins deux fois coincés dans la foule d’un marché en plein-air, trafic intense, une foule compacte, vraiment spécial et un peu stressant!
Il y'a beaucoup de rizières le long de la route mais, curieusement, le riz haïtien est plus cher que le riz blanc importé des Etats-Unis... Incompréhensible...
Nous finissons par arriver aux Gonaïves où la désolation
règne encore, 4 mois après les ouragans et les inondations. Partout des montagnes de boue, les gens
travaillent encore à nettoyer leur maison ou à essayer de la reconstruire sur
un amas de boue séchée. C’est sale,
c’est triste, c’est anarchique, c’est désolant… Certaines maisons sont
abandonnées dans la plaine encore inondée, c’est terrible.
L’orphelinat nous semble une oasis dans un désert de misère. Les enfants se jettent littéralement sur Renette quand elle sort de l’auto et ils viennent ensuite tous nous donner un bisou à François et moi. Ils sont une centaine et tous plus adorables les uns que les autres, grands et petits.
L’orphelinat est magnifique, propre, très grand mais il y’a tellement d’enfants, ils doivent coucher à 2-3 par lit au moins! Mais les toilettes sont belles, tout est impeccable. C’est vraiment impressionnant!
De gauche à droite et de haut en bas : le dortoir des filles, la réserve d'eau potable,
une des salles de bains, vue d'une partie de l'orphelinat
Quand on pense à l'endroit où Renette les avait découverts quand on cherchait des enfants à aider aux Gonaïves pour fonder notre orphelinat en 2004 :
Les enfants sont assis sagement dans la salle de classe en
plein-air qui ne sert qu’à ceux qui ne vont pas à l’école primaire ou
secondaire aux Gonaïves, grâce à leurs parrains. Ils nous chantent une chanson de bienvenue
qui remercie Têtes Ensemble SOS Haïti de les avoir sauvés, etc.
Nous les prenons ensuite en photo pour le
parrainage, individuellement. François
note leur nom sur un tableau effacable, me le passe, je le remet à l’enfant
pour qu’il le tienne devant lui et « clic ». Cà roule! Au moins, ici, les enfants n’ont pas peur de nous!
Renette nous demande de leur distribuer les suçons. François se lance courageusement dans l’arène. C’est la ruée, il essaie bien
de leur faire faire une ligne mais cela ne dure pas. Distribution aussi des vêtements, souliers et ballons de soccer...
On distribue au hasard, en essayant de repérer les plus petits avant qu’ils ne se fassent piétiner et les coquins qui essaient d’en prendre plusieurs!
Trois grandes me prennent à part pour me demander de leur rapporter une chaîne pour le cou, des boucles d’oreille (dans une jolie boîte) et de la crème pour les cheveux, la prochaine fois. Je note leurs noms et leurs demandes. Mais y aura-t-il une prochaine fois?
Nous allons ensuite voir le terrain que nous voulons acheter pour y construire un centre communautaire et une école de métiers. Très beau et grand terrain.
4 grandes nous accompagnent ensuite avec Sonel, le
responsable de l’orphelinat et propriétaire du terrain, chez un notaire des
Gonaïves dont le bureau est situé dans une maison qui a subi l’inondation :
c’est petit, sale et, surtout, sombre (pas d’électricité). Heureusement que nous avons une lampe de
poche, Jean-René la tiendra pendant l’heure 30 que dureront les transactions.
Pendant ce temps, François se fait taquiner et « cruiser » par les 4 belles jeunes filles qui nous ont accompagnés et par la femme du notaire qui l’assomme de questions sur ses études, ses petites amies, etc. Pauvre François, lui qui aime tant parler ;-))
Ensuite, nous reprenons la route vers Moulin-sur-Mer. Ouille, ouille, vraiment pas un cadeau, surtout la dernière partie entre St-Marc et Moulin-sur-Mer qui est particulièrement cabossée et se fait dans le noir. Dans les villes, c’est particulièrement stressant avec les dizaines de motos, piétons et véhicules qui slaloment autour de nous, souvent sans lumière…
Nous cherchons Moulin-sur-Mer pendant de longs kilomètres après St-Marc. Nous savons que l’hôtel est à peine annoncé par une pancarte trop discrète et François se souvient qu’il est situé après un trou particulièrement impressionnant. Un trou?? Un précipice, oui! Quel soulagement quand nous trouvons enfin l’hôtel! Petit dilemme au moment de payer : forfait ou pas forfait? Sans les repas, il nous en coûte 88$ pour la chambre, avec les 3 repas 176$. U.S. Nous nous décidons pour le « sans forfait » mais changeons d’idée quand nous voyons les prix des repas à la carte! Même à 40$ par personne pour les 3 repas, cà revient beaucoup moins cher que de payer à la carte où le plus petit plat principal coûte 20$! Heureusement que le préposé à l’accueil est patient. Les chambres sont grandes et agréables, le souper succulent : bisque de homard, poisson (un GROS morceau, je n’en mangerai que la moitié), riz, frites (mioum), épinards, tomates et salade de fruits. Notre forfait nous donne aussi droit à 5$ en liqueur/boisson (hé hé, un bon rhum-punch avec cà!). Pas si pire finalement!
Une petite douche fraîche (même à 176$ la nuit, on oublie l’eau chaude, mais c’est quand même mieux que l’eau glaciale à Villa Manrese!), un peu d’écriture et de lecture et dodo…