Une autre journée...
Samedi 21 janvier
Comme tous les matins, nous déjeunons à l'hôtel. Les oeufs en caoutchouc du premier matin m'ont convaincu de ne pas en prendre d'autres, le pain à l'eau n'est pas très nourrissant et les bagels et croissants n'existent que sur le menu, pas en cuisine! Je serai donc abonnée aux omelettes fromage-jambon pour la semaine. Avec un jus et un café, la journée peut commencer...
Ce matin, nous allons visiter Mirlande, de la Maison d'Espoir, une crèche avec qui nous avons déjà travaillé. Ginette veut revoir la crèche, les enfants, parler de divers projets avec Mirlande... Nous arrivons un peu avant la messe annuelle de remerciements à Dieu (genre de célébration de l'Action de Grâce, organisée par Mirlande et très appréciée des nombreux visiteurs). Nous avons une trentaine de minutes pour visiter la crèche, remettre des sucons (les enfants sont plus coquins que chez Yolette, n'hésitant pas à aller cacher leur sucette pour venir en réclamer une autre et même à venir directement se servir dans le sac ou dans notre main)...
Ah le polisson, il vient de piquer la sucette de Ginette!
La chambre des petits
Des tout-petits!!!!!
Nous filons ensuite vers la crèche de Majorie, située à quelques mètres de la zone de Carrefour-Feuilles, l'un des quartiers les plus pauvres de Port-au-Prince, où ont eu lieu plusieurs enlèvements. Je ne suis pas trop rassurée, encore moins quand je vois soudain apparaître le Palais Présidentiel, où Ginette n'a jamais voulu m'amener, étant un quartier propice aux soulèvements populaires et aux manifestations...
L'impression de luxe et de prospérité fait rapidement place à une désolation totale. Nous sommes sur une grande avenue et autour de nous, ce ne sont que bidonvilles, amas de déchets et de ferrailles, enfants qui transportent de lourds fardeaux... Même les marchandes et les marchés semblent plus pauvres et plus misérables.
Photo du site ICI
Je regarde droit devant moi pour ne croiser aucun regard dans la foule nombreuse qui se presse sur les trottoirs, je ne veux pas voir les égoûts en plein-air au milieu des masures en tôles où jouent des enfants tout nus, squelettiques. Nous quittons l'avenue principale et, un coin de rue plus loin, nous voilà au Foyer du Sion. La maison est grande, très propre. Un petit salon nous accueille à l'entrée, avec vue sur une grande cuisine. Une petite pièce adjacente à la cuisine sert de chambre pour les bébés. Il y'en a beaucoup, certains dans leurs lits, d'autres dans de petites chaises par terre.
Les grands nous appellent du deuxième étage. Ils sont massés en haut des escaliers, autour d'une table, occupés à dessiner mais ils lâchent tout quand nous sortons le sac magique de sucettes!
Il y'a deux autres chambres pour les petits au premier étage. Que d'enfants! Tous plus mignons les uns que les autres, un peu effarouchés. Nous prenons les photos de "nos" petits, je fais bien attention de prendre dans mes bras tous les enfants de "mes" parents, de les embrasser de leur part, de leur dire que papa et maman les aiment et ont bien hâte de les voir.
Nous devons repartir très vite, nous ne voulons pas trainer dans le quartier, Ginette est trop connue dans le coin... Nous retournons donc vers l'hôtel (toujours sans parler pendant que nous traversons la section de Carrefour), et nous nous arrêtons dans quelques magasins sur le chemin, à Pétionville. Dont une boutique de vêtements pour enfants Petit Bateau et autres marques luxueuses. Je regarde la section des liquidations en pensant que les prix sont raisonnables quand même : un imperméable pour 75$. Comme tout en Haïti, les prix sont en $ haïtiens, une monnaie qui n'existe pas! Il faut donc multiplier par 5 pour avoir le prix en gourdes et, ensuite, diviser par 35 pour savoir le prix en US. Du coup, la Mamounia est complètement perdue et la Ginette rigole bien. J'arrive quand même à figurer que 75$ haïtiens cela fait environ 10$ US et je l'annonce fièrement à Ginette qui me fait remarquer que les prix dans ce magasin ne sont pas en $ haïtiens mais en $ US!!!!! Du coup, je lui dit que "tant mieux, ce n'est plus la peine de calculer, et, de surcroît, même pas la peine de regarder!!!" et je ressors m'asseoir dans l'auto, discuter avec Roberny, notre chauffeur, beaucoup plus intéressant que les camisoles Petit Bateau à 25$ US le morceau...
Nous arrêtons aussi dans un magasin de souvenirs qui, au dire de Roberny, n'arnaque pas le touriste. Au dire de Mamounia, c'est faux. Malheureusement, je ne m'en suis rendue compte que 2 jours plus tard, APRÈS avoir acheté pour une soixantaine de $ de souvenirs qui en valaient une vingtaine ($) sur la rue. Mais, bon, on apprend...
Soirée téléphone, internet, bouffe, lecture, du réchauffé quoi! A part une petite virée au bar de l'hôtel. Mais une virée à deux, autour d'un bar où nous sommes ...deux, rien de bien excitant, nous finissons notre verre et au dodo!