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Mamounia
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29 janvier 2007

L'arrivée

Nous commencons à apercevoir l’Ile d’Hispaniola vers 15h00. Les eaux turquoises et le paysage enchanteur de l’île ne laisse pas entrevoir la misère qui l’habite et nous pouvons imaginer quelques instants que nous allons atterrir dans un petit paradis de vallées fertiles, de rivières claires, de montagnes verdoyantes entourées d’un océan émeraude accueillant.

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Ce n’est qu’en se rapprochant qu’on apercoit les bidonvilles, les montagnes dénudées, les rivières étroites et aux eaux brunes et des bords de mer boueux et huileux,  parsemés de bateaux abandonnés.

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L'avion amorce sa descente, je m'accroche aux accoudoirs (ben quoi, c'est dangereux les atterrissages!), on atterrit, les passagers applaudissent (classique), nous sommes déjà debout, sacs au dos et en bandoulière, prêts à passer au-dessus de la tête de quiconque se mettra sur notre chemin.  Il nous faut courir car les parents qui viennent chercher les petits n'ont qu'une vingtaine de minutes pour passer les douanes, sortir de l'aéroport, courir à la section des départs, ramasser leurs petits qui sont supposés les y attendre avec une nounou ou une directrice de crèche, récupérer leurs cartes d'embarquement pour le retour, passer les formalités et, hop, rembarquer dans le même avion qui les ramènera à Montréal.  C'est seulement une fois dans l'avion qu'ils pourront un peu relaxer et regarder plus attentivement ce qu'ils ont dans les bras ;-)

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Photo tirée du site ICI

Drôle d'accueil à l'arrivée, la fanfare fanfaronne, des dignitaires sont présents, tous sourires, un cortège de casques bleus impeccables nous font une haie d'honneur, je savais Ginette importante mais pas à ce point-là!  Oups, erreur, c'est pour d'autres passagers dans l'avion, une "Excellence" quelconque et un contingent de casques bleus québécois qui viennent remplacer leurs collègues.  C'est impressionnant! 

Ginette court avec les parents, je cours vers les chariots pour en louer 5 que j'amène de peine et de misère jusqu'aux tapis de bagages.  Pas encore eu le temps de regarder autour de moi, ni de sentir l'atmosphère d'Haïti mais, soudain, la chaleur me frappe (il faut le faire, dans l'air conditionné de l'aéroport!  Mais le matin même, je grelottais à -25), la marée noire autour de moi aussi (heu... je n'ai pas fait exprès mais c'est un joli jeu de mots non?)... Nous surveillons les bagages, Yolette (la directrice de la crèche où j'ai adopté Magali et qui revient de vacances au Québec), ses filles et moi, et les gros sacs de hockey.  Nous ne sommes pas les seuls à avoir l'idée des sacs de hockey et nous devons en soulever une vingtaine pour finalement trouver les 11 qui nous appartiennent.  Ouf, que c'est lourd... Les chariots sont surchargés et je suis un peu perplexe face à la façon dont nous allons amener 5 chariots à 4 personnes.  Heureusement, Ginette arrive et nous partons avec notre caravane.

Dehors, première épreuve (pire que Fort Boyard) : passer à travers la foule de porteurs haïtiens qui veulent tous nous aider et déterminer ceux qui sont choisis par Ginette et ceux qui ne le sont pas ("Ginette, le monsieur il a pris mon sac, il a le droit???", "Monsieur, monsieur, non non, pas beswen, non monsieur, merci, l'ot' là-bas!"). 

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Photo tirée du site ICI

Essayer de ne pas perdre les chariots qui partent dans 4 directions différentes selon les trous dans la foule.  Attendre que les 3 autos qui nous accueillent arrivent à se stationner au milieu de cette cohue, surveiller que les bagages aillent tous à la bonne place, et finalement, s'écraser dans une auto en espérant que tout se rendra à bon port, nous y compris...

Nous avons rendez-vous avec Yolette à son appartement pour lui remettre les sacs qui lui appartiennent.  Pas de Yolette à l'appartement, apparemment, elle y est passée mais est partie à la crèche.  Nous allons donc à la crèche en maugréant un peu (hâte d'arriver à l'hôtel!), on croise Yolette sur le chemin, elle nous dit de mettre ses sacs dans la chambre de son papa (Père Jo) qui a sa chambre - barrée - à la Crèche. 

Deuxième épreuve (Fort Boyard, je vous dit!) :
- Le chemin pour se rendre à la crèche.  "Heu... Vous êtes sûrs qu'il faut ABSOLUMENT passer par là?" (peut-être ferais-je mieux de faire le reste à pied... Quoique je risque de me tordre la cheville).  La voiture craque de partout, les roches lui râclant douloureusement (moi cà m'a fait mal en tout cas!) le dessous, et nous sommes trimballées de gauche à droite.  Le chauffeur, lui, continue à jaser comme si de rien n'était.

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Et troisième épreuve (psychologique celle-là) : la rigidité des enfants à notre arrivée.  Les grands sont tous placés en rang d'oignons le long d'une grande salle sombre, sans bouger.  Ils nous sourient, Ginette leur dit qu'elle amènera des sucettes demain, ils répondent d'une seule voix "Merci beaucoup", on voit que la répétition a été longue et la leçon bien apprise.  Les petits, au deuxième, sont aussi anormalement calmes, tout semble statique, pas de cris, pas de jouets, pas de mouvements, d'enfants qui marchent, c'est déprimant.  Nous sortons de là, pas mal débinées, pour enfin aller à l'hôtel, à Pétionville, où nous nous installons dans une petite chambre avant d'aller souper et discuter de nos impressions sur cette première journée du voyage.  Je découvre avec plaisir que l'hôtel a une connexion internet sans fil ET un ordinateur (avec fil, plus pratique et plus rapide que le portable de Ginette) que j'utilise aussitôt pour rassurer Jacques que je n'ai pas ENCORE été enlevée et que je suis bien en sécurité jusqu'au lendemain matin.

Bon, avant de quitter, je veux quand même vous rassurer pour que personne ne fasse de cauchemars : les enfants à la crèche avaient été préparés en vue de notre visite mais, en réalité, comme nous l'avons découvert les jours suivants, ils sont très actifs et tout le monde s'amuse beaucoup.  La fatigue et la nuit qui tombait cette première journée nous ont induites en erreur et nous avons été vite rassurées le lendemain matin lors d'une seconde visite!

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Commentaires
M
Oui, heureusement que tu as ajouté la petite note en fin de billet. J'ai eu peur.<br /> <br /> Sinon, c'est carrément la folie pour les parents adoptants de n'avoir que 20 minutes pour récupérer leurs enfants. Il faut avoir le coeur solide pour vivre un tel choc émotionnel. Même si tu es préparée.
M
J'attendais avec impatience de vos nouvelles, savoir si vous étiez rentrée sans encombre avec les enfants face à une nouvelle vie, nouveau pays, la rencontre devait être bien émouvante.<br /> Vos enfants et votre mari ont dû aussi vous retrouvez avec plaisir, Haïti ce n'est pas le club méd. ....<br /> Je vous embrasse, vous admire, à bientôt la suite !
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